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Invités

Émission de radio sur l'accès aux soins pour les marginaux en Guinée, au Canada, en Algérie et au Niger
 
Une émission radio a été enregistrée. Elle a eu pour thème : l'accès aux soins pour les marginaux dans différents pays. Le débat a initié un riche échange et a abouti à des conclusions pertinentes.
Il dévoile la  situation en matière de soins de santé dans ces 4 pays et tente d'y poser un regard critique.
La marginalité est relative, les jeunes marginaux vivent des réalités bien différentes. Que ce soit par exemple les jeunes mères en Algérie, les jeunes sans abri au Canada, les jeunes drogués de la Guinée ou les jeunes sans revenu du Niger, ces jeunes sont tous mis à l'écart de la société.  Ces jeunes ont cependant un point commun : la précarité économique.
 
 
Sondages et témoignages
 
Pour dévoiler la réalité des jeunes marginaux, nous avons adopté une approche de terrain : sondages, questionnaires, interviews...
Ce qui nous a permis de faire ressortir des points importants quant à la difficulté d'accéder à l'assistance médicale pour les jeunes en général et pour les jeunes marginaux en particulier.
Voici trois témoignages de jeunes rencontrés à Paris.
 
Sébastien
21 ans, vagabond
SDF depuis 5 ans
 
Y a-t-il des associations qui vous aident ?
Il y a beaucoup de choses pour des gens comme moi. Il existe des associations qui aident à la nutrition, aux soins...
 
Est-ce que tu bénéficies de la couverture sociale ?
J'ai perdu mes papiers il y a 6 mois et j'ai laissé traîner tout ce qui était papiers, je pense que j'ai été radié de la Sécurité Sociale.
 
Pour consulter un médecin, pour parler des MST, est-ce-qu'il y a un lieu où tu peux te rendre et te  sentir à l'aise ?
Je connais des endroits où on peut aller faire des analyses, avoir des renseignements. Mais, moi je n'ai pas un lieu où je peux me sentir à l'aise.
 

Tristan
23 ans, étudiant en philosophie
 
Bénéficiez-vous de l'assurance sociale ?
Oui.
 
Vos frais médicaux sont-ils entièrement remboursés ?
Oui, mais pas tous les médicaments.
Le remboursement des médicaments dépend des critères de la Sécurité Sociale qui ne rembourse pas forcément à 100 %. Mais la mutuelle aide, si par exemple un médicament est remboursé à 70 %, elle rembourse les 30 % manquants ; donc les frais médicaux sont en principe nuls à part le forfait de départ.
Mais je sais qu'il y a des étudiants qui s'inscrivent à la fac uniquement pour avoir la mutuelle. Ils pourraient y accéder  parallèlement, peut-être, mais avec beaucoup de difficultés.
 
D'après vous, les marginaux acceptent-ils l'assistance médicale ou bien la refusent-ils ?
Quand on est marginal, on a une peur des administrations même si elles sont bienveillantes. Il y a une réticence, peut-être de peur de se faire juger.
 
As-tu déjà consommé de la drogue ?
Oui.
 
A quelle occasion en as-tu consommé pour la première fois ?
J'ai vu quelqu'un prendre de la  drogue douce et j'ai voulu essayer. Ça m'a plu, mais j'ai laissé tombé aujourd'hui, oui, je préfère les drogues dures.
 
Pourquoi les drogues dures?
J'étais curieux, j'en avais marre des drogues douces. Les dures c'est plus joyeux, c'est plus débilisant. Mais c'est vrai que c'est une connerie qui peut-être est irréparable. 
 

Jeune technicien en son, 23 ans
 
Est-ce que les soins de santé sont très accessibles ?
Oui, j'y ai accès assez facilement.
 
Est-ce que tu bénéficie de la Sécurité Sociale ?
Oui.
Même lorsque j'étais étudiant j'ai aussi bénéficié de la Sécu. En tant qu'étudiant, il faut payer à chaque début d'année et c'est assez difficile. Moi, j'ai eu mes parents derrière moi.
C'est le problème de bien des étudiants, on doit se trouver un boulot l'été pour pouvoir payer notre sécu à la rentrée.
 
D'après toi qu'est-ce-qu'un jeune marginal et a-t-il accès aux soins de santé ?
J'ai l'impression qu'il y a des gens qui sont vraiment marginaux, qui sont en marge de tout ce dont on vient de parler, qui n'ont ni papiers, ni logement, qui ne peuvent pas avoir accès à tout cela. J'ai rencontré des jeunes qui refusent catégoriquement de s'insérer dans le système et préfèrent se débrouiller... En face d'une situation compliquée, je ne sais pas comment ils peuvent se débrouiller.
 
D'après vous, l'inaccessibilité des soins pour les jeunes marginaux relève des problèmes individuels ou du système ?
C'est un peu les deux ... Moi, je sais qu'il m'a fallu deux bonnes années d'acharnement auprès de la fac, de la Sécu pour être en règle, pour avoir les papiers.
 
 
Comment se faire aider quand on est jeune marginal en quête d'assistance médico-sociale?
 
Les jeunes marginaux peuvent avoir  recours à diverses associations caritatives (Secours Catholique, Armée  du Salut...) ou non (les organismes communautaires autonomes, Médecin du monde, La Croix Rouge française...).  Ces ressources alternatives, non institutionnelles ouvrent leur porte aux jeunes marginaux.
 
Citons le CRIPS   (Centre Régional d'Information et de Prévention du Sida)

www.lecrips.net

 
Le CRIPS est un centre  de ressources pour tous ceux qui s'impliquent, en Ile de France, dans la prévention des MST et de l'usage de drogues.
Chaque année, 2000 séances d'information interactives et débats théâtralisés sont exposés  aux jeunes.
 
Pour en savoir plus, nous avons interrogé Nathalie Truchet, coordinatrice du pôle d'accueil  du CRIPS. Elle y travaille depuis 9 ans est infirmière de formation.
 

Nathalie Truchet
 
D'après vous, qu'est-ce-qu'un marginal ?

Dans mon domaine, les jeunes marginaux que je vois sont des jeunes en grandes difficultés. On trouve chez ces jeunes-là des grossesses précoces, jeunes contaminés car, en  Ile-de-France, on est fortement touché. On rencontre aussi des jeunes en situation de précarité. Alors qu'on ne voit pas ceux qui sont sortis du système scolaire mais ils ont accès au Cyber CRIPS à la tour Montparnasse www.cybercrps.net qui est un lieu où le service de documentation, d'écoute et d'information leur est adapté et est gratuit.

 
Et Sébastien...
En visitant le CRIPS, nous nous sommes posés tous la même question :
Est-ce que Sébastien se rendrait à ce centre, dans une tour imposante située dans un quartier « chic » de Paris ?  La réponse fut unanime, NON !
 
Mais il y a aussi:
EGO (Espoir Goutte d'Or )
Ego est un centre d'entraide et d'action communautaire.  Il a pour mission l'assistance et le suivi des toxicomanes, la prévention du VIH, des hépatites et l'accompagnement des personnes séropositives.
Le centre est situé dans le quartier Barbès, un quartier populaire et populeux de Paris.  La pauvreté dans ce quartier est visible. Cependant, les jeunes ne font pas partie de leurs membres. 
 
Peut-être que les jeunes marginaux ne se perçoivent pas comme étant toxicomanes dépendants de drogues dures, mais plutôt comme des consommateurs occasionnels.
 
 Sébastien aurait-il un jour recours à cette structure ?

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