Fondée en 1830 sous le règne du Roi GHEZO, Cotonou
(ku-TONU) qui signifie "l'embouchure du fleuve de la mort"
en langue Fon, doit sa naissance à l'abolition de la Traite Négrière.
Cotonou, ville du sud de la République du BENIN (un pays de l'Afrique
de l'Ouest), est situé sur une bande de terre entre le Golfe
de Guinée et le Lac Nokoué. |
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Les béninois et d'une manière générale les cadres, les universitaires et les politiciens ont tendance à créditer des villes comme Abomey, Ouidah, Porto-Novo d'un caractère historique liant cet épithète aux villes qui ont été les capitales d'anciens royaumes. De Cotonou, ils ont souvent fait une ville et une capitale économique ou commerciale. Et pourtant, en ayant une lecture plus investigatrice de l'histoire du Bénin, on se rend compte que Cotonou aussi est une ville historique ; indéniablement historique. La preuve ; toute l'histoire du Bénin, ex-Dahomey, commence à Cotonou. |
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De point de vue historique le Professeur Benoît Damien N'BESSA,
auteur en 1979 d'une thèse de troisième cycle sur "Les fonctions urbaines
de Cotonou" nous déclare ce qui suit: Aux XVIe et XVIIe siècle, Ouidah et Grand-Popo, les deux ports de la
Côte
des Esclaves avaient attiré tous les grands marchands de "bois d'ébène",
anglais, portugais, danois et hollandais qui s'y étaient installés,
encourageant auprès des royaumes du Sud, des guerres de razzia pour
approvisionner leur commerce d'esclaves. Les royaumes d'Allada et de
Savi excellaient dans ce trafic très rentable et en étaient les têtes
de pont. Le roi d'Abomey, Agadja, par l'intérêt alléché décida de se
passer de la contribution d'Allada et de Savi et de contrôler lui-même
cette activité en ayant un débouché sur la mer. Il entra en campagne
et conquit Allada, Ouidah et Savi. Allada dont les frontières s'étendaient
alors jusqu'à Calavi et Godomey. C'était en 1727. Ces chefs résidaient à Calavi et surtout
Godomey et avaient leurs fermes à Cotonou, zone de champs et de pêche
passablement insalubre et peu habitée exceptés quelques pêcheurs "Toffin".
Cotonou dans tout cela n'existait toujours pas en tant que zone habitée.
Les grandes agglomérations alors étaient Ekpè à l'Est et Godomey à l'Ouest.
Cotonou louée pour 20.000 F par an.
C'est sous le règne de Glèlè (1858 - 1889)
au début du XIXème siècle que les premiers "pionniers" qu'il nommera dans
cette zone pour surveiller les activités des commerçants blancs s'installeront
dans une forêt appelée Gbégamey. Une grande brousse comme son nom l'indique
où entre autres la famille Yèkpè représentera Glèlè pour surveiller et
mener les échanges commerciaux avec les Européens. Cotonou commence dès
lors à prendre de l'importance et à intéresser les Européens, surtout
les Français. La France attirée par les possibilités qu'offre la ville
signe avec Glèlè un traité de cession de Cotonou pour une redevance annuelle
de 20.000 F !
Les Français s'installent dès lors à Cotonou
et plusieurs maisons de commerce précédemment domiciliées à Grand-Popo
et à Ouidah tels que "Fabre", "régis", "Géraud" ouvrent des succursales
sur place. On construit des bâtiments et on trace des voies. Mais, entre-temps
Glèlè meurt en 1889. Son fils Béhanzin (1889 - 1894) intronisé, n'entend
pas céder la moindre parcelle de son territoire à la France. Il remet
en cause le traité signé par son père. La France courroucée, manifeste
son désir de s'installer définitivement à Cotonou, fut-ce par la force.
On connaît la suite. Ce fut le temps des grands travaux de construction.
Il faut signaler que l'intérêt des Français
pour Cotonou est justifié également par l'attrait de Porto-Novo qui est
déjà un grand centre commercial à cause de son port lagunaire, très actif
grâce à la proximité et à l'accès du Port de Lagos. Porto-Novo est un
autre pôle d'attraction et pour la France il faut tout faire pour relier
Cotonou, la porte océane, à Porto-Novo, le centre commercial par la lagune.
C'est aussi à ce moment que les Français signent un protectorat avec le
Roi Toffa, inquiété par les velléités expansionnistes de Béhanzin.
Les Français entre-temps, en 1885, avaient
fait creuser un canal sur la lagune de Cotonou qui alors ne touchait pas
la mer. On pouvait même se rendre de Cotonou à Akpakpa à pied sec. Le
canal relie le lac Nokoué à la mer afin de créer une voie d'accès par
la lagune vers Porto-Novo. On peut donc aisément commercer et transférer
des marchandises des différents points de l'intérieur du pays vers les
navires qui mouillent au large. Béhanzin s'entêtant à ne pas céder Cotonou,
la France prépare la guerre et pour faciliter des troupes du Général Dodds,
elle construit le wharf en 1891 et peut dès 1893 le mettre en service.
Il s'agit d'une passerelle métallique de 400 m de long qui s'avance au
delà de la zone des vagues permettant des déchargements sans devoir franchir
la barre.
Après la guerre et la victoire française, la France est maîtresse absolue du pays. Le premier gouverneur nommé, Victor Ballot, préfère s'installer à Porto-Novo. Les affinités françaises avec Toffa, l'avantage qu'offre ce site latérique et non inondable et l'accès par le Port lagunaire expliquent en partie ce choix. Toutefois, Cotonou n'est pas abandonnée, la construction du wharf est suivie de celle de la ligne ferroviaire. Plusieurs bâtiments modernes sont édifiés par l'administration française sur la corniche entre la mer et jusqu'au niveau de l'actuel boulevard St Michel.
Le climat marin fait de Cotonou une station
balnéaire propice au repos et à la convalescence des administrateurs et
fonctionnaires coloniaux stressés et impaludés de Porto-Novo. Dans la
même période, une classe de métis et de fonctionnaires africains assimilés
s'installent dans la zone de l'actuel quartier Missèbo où l'on retrouve
encore aujourd'hui plusieurs anciennes maisons d'afro-brésiliens ou de
métis français. Les premiers fonctionnaires cotonois sont soit des travailleurs
ou des ouvriers du wharf ou du réseau ferroviaire Bénin-Niger, l'actuelle
OCBN.
Ainsi naquit une ville qui est Cotonou d'après M.Pascal Orobiyi ADISSOBA . |
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